Retour sur la table ronde « Pile Poil » – Pilosité ou pas ? Où en est-on aujourd’hui ? »

En partenariat avec la médiathèque de Pont-l’Abbé, les bénévoles de l’association Contre Vents et Marées ont animé une table ronde sur le thème de la pilosité et des questions de genre. Ce moment d’échange a permis de déconstruire de nombreux préjugés et d’interroger les normes qui pèsent sur les corps, en particulier ceux des femmes.

Le poil : un enjeu social et genré

Longtemps considéré comme indésirable, le poil féminin fait l’objet d’une véritable stigmatisation sociale. S’épiler est devenu non seulement naturel, mais presque nécessaire, tant la norme du lisse s’est imposée dans l’imaginaire collectif. Pourtant, cette pratique n’est pas anodine : elle traduit une multitude de significations sociales et culturelles, bien au-delà de simples questions d’esthétique ou d’hygiène.

Une norme construite et intériorisée

L’atelier a mis en lumière comment la norme du glabre s’est construite au fil du temps, notamment sous l’influence des médias, de l’industrie cosmétique et de la pornographie. Alors qu’il était encore accepté d’avoir des aisselles poilues il y a quelques décennies, les années 1990 ont marqué un tournant : l’épilation intégrale est devenue la norme, particulièrement sous l’influence des représentations véhiculées dans la société et dans la culture populaire.

Cette norme du lisse, loin d’être naturelle ou universelle, s’est imposée par un processus de socialisation et de conformisme. Les femmes, soumises à une pression esthétique constante, perpétuent ces pratiques souvent par peur du jugement ou par habitude, sans qu’il y ait de véritable justification rationnelle.

Le poil, entre hygiène, esthétique et contrôle social

L’argument sanitaire, souvent avancé pour justifier l’épilation, a été déconstruit lors de l’atelier : les poils jouent un rôle protecteur pour la peau et ne sont pas, en soi, synonymes de saleté. Ce sont surtout les normes esthétiques qui dictent les pratiques, renforcées par une industrie cosmétique florissante et un marketing ciblé, qui entretient un sentiment d’insécurité et d’insatisfaction corporelle.

Au-delà de l’esthétique, la maîtrise de la pilosité féminine est aussi un moyen de contrôle symbolique du corps et de la sexualité des femmes. S’épiler, c’est inscrire sur le corps la distinction entre les genres, effaçant toute trace de « virilité » sur les femmes et renforçant l’idée d’une féminité douce, pure et maîtrisée.

Vers une réappropriation des corps

L’atelier s’est conclu sur l’importance de questionner ces normes et de défendre la liberté de choix : s’épiler ou non, l’essentiel est que chaque personne puisse décider pour elle-même, en dehors des injonctions sociales. Refuser la norme du glabre n’est pas un acte de provocation, mais une affirmation de l’acceptation de soi et de la diversité des corps.